10-07-2025
Les troubles psychiques en prison «explosent», alerte un rapport parlementaire
Les troubles psychiatriques sont trois fois plus présents qu'à l'extérieur et la prise en charge ne cesse de se dégrader, selon ce rapport déclinant «100 propositions pour sortir de l'impasse».
Deux associations de soignants en milieu pénitentiaire alertaient déjà, le 6 juin dernier, sur une situation devenue intenable : conditions de travail détériorées, surpopulation carcérale, et de plus en plus de professionnels jetant l'éponge. À leur tour, les députés se font l'écho de cette situation critique : un rapport parlementaire rendu public jeudi indique que les troubles psychiatriques en prison sont trois fois plus présents qu'à l'extérieur et que la prise en charge ne cesse de se dégrader. Le rapport de 244 pages déclinant «100 propositions pour sortir de l'impasse» a été présenté en conférence de presse à l'Assemblée nationale par ses co-rapporteuses, les députées Josiane Corneloup (LR) et Elise Leboucher (LFI).
La problématique est loin d'être nouvelle, et les professionnels dénoncent depuis des années la présence en prison d'un nombre croissant de personnes qui n'y ont pas leur place. La mission a abouti à un constat «totalement unanime» d'une situation fortement dégradée où les «troubles psychiques explosent», a déclaré Josiane Corneloup, alors que «la santé mentale a été désignée grande cause nationale en 2025».
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Parmi les facteurs aggravants : la surpopulation carcérale «spectaculaire» qui bat chaque mois de nouveaux records historiques, et une pénurie toujours croissante de moyens - en termes de lits dédiés à la psychiatrie ou du nombre de psychiatres - a aussi conclu la mission. Elle dresse un tableau très sombre de la situation, en dehors de quelques initiatives locales et individuelles. «Il faut presque tout renverser, changer de braquet dans la vision de ces prises en charge», a résumé Mme Leboucher, dénonçant de «multiples dysfonctionnements». Cette politique publique est «minée par le cloisonnement et l'incompréhension», avec un «pilotage aveugle sans aucune culture de l'évaluation», en cogestion entre les ministères de la Santé et de la Justice, à qui le rapport sera transmis, a complété Mme Corneloup.
À leur sortie de prison, deux tiers des hommes et trois quarts des femmes présentent un trouble psychiatrique ou addictif.
Les deux députées espèrent que leur constat sera entendu, même si les discours gouvernementaux sont plus à la fermeté qu'à la prévention ou la dignité des conditions de détention. «Les sujets ne sont pas antinomiques, je suis très attachée à la sécurité et nous devons être exemplaires par rapport aux sanctions», a commenté Mme Corneloup. Pour autant, «le but n'est pas d'aggraver» l'état de santé des détenus, mais de «faire en sorte qu'ils aillent mieux en sortant que quand ils sont rentrés, alors qu'aujourd'hui on est plutôt dans une spirale infernale».